En 1788, le royaume s’enfonçait dans la crise. Les mauvaises récoltes, les dettes, les échecs des ministres – Turgot, Necker, Calonne, Loménie de Brienne – alimentaient le mécontentement. La Guerre des Farines de 1775, les émeutes du pain, les idées libérales et la franc-maçonnerie, adoptée par certains nobles, fissuraient l’ordre ancien. La convocation des États Généraux, annoncée pour 1789, sonnait comme un glas. À Versailles, on dansait encore, mais les rires sonnaient faux. Lors d’un dernier bal au Hameau, Barentin vit la reine, les yeux voilés d’inquiétude, entourée de Lamballe, dont la voix tremblait. Il proposa encore ses lanternes, modestes étoiles dans un ciel d’orage.
La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, fit trembler Versailles. Le Comte d’Artois, pressentant le danger, écrivit à Barentin : « La France s’embrase, mon ami. Il faut partir. » Le 16 juillet, Barentin revint au Trianon. Dans le cabinet de la reine, où les tentures exhalaient un parfum de jasmin, il trouva un billet froissé, daté du 10 juillet, remerciant son amitié. Il le glissa contre son cœur, talisman d’un monde perdu. Le lendemain, il rejoignit Artois pour Turin, laissant derrière lui un royaume en flammes.
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